Environ 800 millions de personnes dans le monde sont en insécurité alimentaire. Près de 70% d’entre eux vivent dans les zones rurales où la majeure partie des producteurs dépend de l’agriculture pour subsister. Mais, elles sont de plus en plus vulnérables aux effets néfastes du changement climatique. Le changement climatique a, à différents niveaux et de diverses manières, impacté le secteur de l’agriculture. Un des aspects majeurs est l’irrégularité de la pluviométrie, se manifestant par la précocité ou l’arrivée tardive des pluies.
En tombant tôt, les pluies poussent les agriculteurs à semer, pensant que la campagne s’est installée. Ce qui créé, de l’avis de Mahamadou Namori Kéïta, ingénieur agroéconomiste au Bureau pays du Comité permanent inter-états de lutte contre la sécheresse au Sahel (Cilss), des poches de sécheresse qui sont des périodes inopportunes pour le développement des semis.
En la matière, avertit l’expert, les premières pluies sont accidentelles. Les intervalles entre elles peuvent, selon lui, s’étendre sur des dizaines de jours. Ce temps relativement long sans averse entraîne la destruction des récoltes, obligeant ainsi les agriculteurs à ressemer. Aussi les pluies précoces provoquent souvent une inondation des périmètres irrigués notamment la riziculture en submersion libre. S’en suit la sécheresse.
En cause ? Le changement climatique qui a entraîné la raréfaction des pluies et la réduction de la durée de la saison des pluies, analyse l’ingénieur agroéconomiste. Rappelant qu’auparavant la saison des pluies durait sept à huit mois en fonction des zones, il précise qu’elle est aujourd’hui de trois à quatre mois. S’y ajoute, à croire Mahamadou Namori Kéïta, la dégradation des terres provoquée par l’érosion éolienne et hydrique. Cet appauvrissement inquiétant des sols est surtout accentué par la coupe abusive du bois.
La raréfaction des pluies impacte les cultures, en rendant les variétés de semences incompatibles avec la durée de la saison des pluies. à titre d’exemple, le cycle de production du mil et du sorgho va de quatre à cinq mois environ. Pour aider à faire face à cette situation, les chercheurs ont mis à la disposition des agriculteurs des variétés de semences à cycle court adaptées au changement climatique. C’est dans ce cadre que le Pr Alhousseyni Bretaudeau, enseignant-chercheur à la retraite, a créé une variété de sorgho résiliente à la sécheresse. D’autres variétés de sorgho à cycle court (entre 70 et 120 jours) ont vu le jour dans le Sahel occidental, notamment à Nioro du Sahel.
Article Agriculture : les pratiques culturales résilientes au changement climatique apparue pour la première fois sur Bamada.net.